Sénégal: L’opposant Ousmane Sonko entame une grève de la faim

L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, qui a été arrêté vendredi et mis en cause pour appel à l’insurrection et autres crimes et délits, a annoncé sur les réseaux sociaux avoir entamé une grève de la faim dimanche. En conférence de presse, les avocats d’Ousmane Sonko s’en sont pris au procureur de la République qui a fait arrêter leur client.

« Face à tant de haine, de mensonges, d’oppression, de persécution, j’ai décidé de résister. J’observe à compter de ce dimanche une grève de la faim », a écrit l’opposant politique sur Facebook, avant d’appeler « tous les détenus politiques à en faire de même ». Ousmane Sonko doit être interrogé lundi par un juge, a annoncé à l’AFP l’un de ses avocats. Le juge décidera ou non de retenir les charges qui pèsent contre lui. Ce dimanche, ils étaient plus d’une douzaine d’avocats devant la presse sénégalaise et étrangère pour « édifier », selon leur mot, l’opinion sur le cas Ousmane Sonko. Une sortie qui fait suite à celle du procureur de la République samedi. Ce parquet chargé de donner corps à la volonté du régime de Macky Sall, s’insurge Maître Youssoupha Camara, avocat d’Ousmane Sonko : « L’acharnement qui est là est effectué avec un seul dessein, empêcher Ousmane Sonko de se présenter à l’élection présidentielle. »
Au cours de cette conférence de presse, les avocats de Sonko ont déclaré que les autorités n’avaient pas respecté les droits de leur client. Ils estiment qu’il ne peut pas être une exception alors que d’autres personnes ont été interpellées pour des propos qu’elles ont tenus depuis déjà des années.
Selon Maître Massokhna Kane, l’un des avocats de Sonko, leur client n’est coupable de rien sauf de faire de la politique et ne doit pas être maintenu en détention.
Après un peu plus de deux heures de discours, alors que la conférence de presse allait être levée, arrive Maître Juan Branco, avocat français d’Ousmane Sonko, recherché depuis mi-juillet par la justice sénégalaise, pour « crimes et délits », et objet d’un mandat d’arrêt international. Maître Branco a lu un texte pour dire son soutien à son client malgré ce mandat qui pèse sur lui. Il se dit serein : « En vous attaquant à Ousmane Sonko, vous faites allégeance à la mort contre ceux qui défendent la vie. Je suis venu vous dire, au nom de cet homme que vous avez décidé de faire emprisonner, que nous n’avons pas peur, que nous avons l’âme tranquille des hommes qui luttent et qui observent sans dédain ni pitié ceux qui s’offrent à la sérénité. Je suis venu prêter main forte à ceux qui ont décidé de défier le malheur et la fatalité. »
Juste après, l’avocat français quitte la salle escorté par des gardes du corps. Il s’est engouffré dans son véhicule pour une destination inconnue. Une source judiciaire nous informe que le procureur a demandé sa traque en vue de son arrestation.