Révélation musicale en France: Le camerounais Yamê au sommet

Parachuté sur la scène rap francophone via des morceaux à l’identité aussi originale que marquée, Yamê est devenu en peu de temps un phénomène des musiques urbaines.

Derrière son nom de scène, avance Emmanuel Sow. Très jeune, le Franco-Camerounais a fait ses armes pendant de longues années dans les jams parisiennes, séances musicales improvisées : « Je suis allé dans les jams et donc j’ai expérimenté beaucoup la musique jazz, soul et rock aussi, blues… Ça a duré un week-end et puis voilà. Mais je n’ai jamais eu un projet sérieux où je me suis investi, où j’ai essayé de faire véritablement de la musique. » En 2020, il avait 27 ans. Il n’était encore qu’à l’aube de sa carrière. « Quand je commence à faire du son, ma priorité, c’est d’apprendre à écrire parce que j’avais jamais écrit une seule chanson. »

Avec une détermination de samouraï, il signe une trentaine de morceaux au groove singulier et Emmanuel devient Yamê en hommage à sa culture camerounaise. « Yamê, parce que c’est un terme que j’ai beaucoup entendu dans ma famille, mon père notamment, qui faisait de la musique. C’est la langue parlée par le peuple Mbo au Cameroun. » Yamê, qui veut dire le verbe, décolle grâce à ces courtes vidéos TikTok mais surtout à sa voix, son atout principal. L’artiste de 30 ans n’a aucun mal à moduler le son de ses cordes vocales pour en faire un instrument à part entière.

Le cœur entre deux pays

En trois ans seulement, il est devenu l’un des plus grands espoirs des musiques urbaines. Mais résumer son travail au rap serait réducteur :« À la maison, j’étais bercé à la fois par la musique française et la musique africaine. Une de mes volontés, c’est d’exprimer cette double identité dans ma musique. Par exemple, dans la composition, j’aime bien quand on a deux styles qui se mélangent. Ça traduit un peu cette mixité que moi aussi, j’ai dans mon parcours et dans mon histoire. C’est quelque chose qui est un peu omniprésent dans la vie des gens de la diaspora. On ressent un peu le paradigme d’être entre deux pays et c’est quelque chose qui me touche parce que forcément j’ai le cœur entre deux pays. J’en parle souvent dans mes paroles. C’est aussi d’appeler les gens comme moi, de la diaspora, à s’intéresser à la culture africaine. C’est important pour comprendre aussi les gens qui sont autour d’eux parce qu’ils vivent tous les jours avec des immigrés. Pour qu’on puisse se comprendre, c’est bien qu’on partage notre histoire les uns les autres. Surtout que j’ai fait des études d’histoire et que j’aimerais aujourd’hui les communiquer, que je n’ai pas envie de faire de la musique militante à la base. Pour moi, la musique, c’est l’expression d’un sentiment. Tout le monde parle de l’histoire de la France, de la colonisation et je pense que c’est aussi le but de l’art de se révolter par rapport à certaines situations aussi. »