Michèle Ndoki. L’avocate, militante politique et première vice-présidente du groupe des femmes du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), explique ses ambitions, ses stratégies et les motivations de sa candidature à la présidence de ce parti politique, lors de la prochaine convention.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!L’élection présidentielle est prévue dans trois ans. L’annonce de votre candidature à la présidence du Mrc s’inscrit-elle dans cette perspective ?
Ma candidature à la Présidence du Mrc s’inscrit dans la perspective d’être présidente du Mrc si les militants du Mrc me jugent digne de cet honneur et à même d’assumer cette responsabilité… Une conversation sur les élections présidentielles à venir me paraît à ce stade largement prématurée. Au demeurant, le Mrc n’est représenté dans aucune collectivité territoriale ni organe du Parlement. Présenter un candidat à la présidence de la République dans ces conditions est un défi au vu des critères d’éligibilité. D’autres défis me paraissent aujourd’hui bien plus pressants.
Si non, qu’est-ce qui motive votre candidature ?
Deux choses : l’envie de voir évoluer notre parti, de le voir apparaître aux yeux de nos concitoyens, majoritairement jeunes, comme le sym- bole de la modernité, le modèle d’une alternance démocratique réussie dans la paix et la sérénité, ou à tout le moins d’une évolution du débat politique vers un espace où le dynamisme, la discussion, voire la contradiction sont non seulement admis, mais encensés.
Deuxièmement, et c’est le plus important, faire évoluer le parti vers ce qu’il doit être pour aborder les défis auxquels fait face notre grande et belle nation : un appareil politique disposant d’une structure efficace, là aussi, moderne, qui met sa base militante au centre de la conversation sur son projet de société, au centre des discussions concernant les moments importants de sa vie, et qui est aux yeux des enfants de ma Terre le plus à même de conduire la destinée commune et ce, d’où que viennent ces enfants.
Faut-il voir dans votre déclaration de candidature une démarcation définitive par rapport à Maurice Kamto ou bien est-ce une stratégie en interne ?
Je ne vois pas entre Maurice Kamto et moi l’opposition que votre question semble présupposer. D’ailleurs, Maurice Kamto a annoncé l’orga- nisation de la prochaine convention du parti, en l’état pas encore sa candidature au renouvellement de son mandat… La question de la démarcation ne se pose donc pas. Nous portons tous les deux un projet commun pour le Cameroun qui est le projet de société du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, avons fait et faisons tous les deux, chacun à sa place, dans ses fonctions et avec ses aptitudes, chacun avec sa personnalité et ses convictions, chacun avec l’influence que son parcours et la confiance de ceux qui jugent (la base militante, les cadres du parti, les Camerounais dans leur ensemble) lui confèrent, ce qu’il faut pour que ce projet soit adopté par les Camerounais dans leur majorité.
Quelles sont vos ambitions en tant que future candidate à la présidence du parti ?
En tant que future candidate, offrir à mes amis poli- tiques le meilleur projet politique possible pour le parti, participer à une compétition saine et exaltante et la gagner, mais aussi et plus encore, que notre parti sorte de cette compétition, doté de la meilleure équipe, celle qui lui assurera le choix de la majorité des Camerounais pour conduire les affaires nationales et locales conformément à leurs attentes et aspirations.
Quelles stratégies mettez-vous en place pour attein- dre vos objectifs et avec quels hommes ?
Je l’ai dit un peu plus haut, parler à la base. Notre parti a été la cible d’une coercition et d’une oppression féroce, cela marque. Nous avons fait des choix politiques qui ont été diversement appréciés. Les militants du Mrc comme les Camerounais ont besoin d’être consultés et entendus, sur ce que ces événements ont pu avoir comme impact sur leur engagement, sur leur foi en notre rêve de Renais- sance. Ils ont aussi des idées sur ce qu’il convient de faire maintenant pour consolider nos acquis, apprendre de nos erreurs et mettre un terme aux dérives. Mon équipe se constitue sur cette base-là : ce sont des personnes pleines d’ardeur, courageuses, loyales au Mrc et déterminées à faire advenir le Cameroun que nous méritons. Ce sont des Bâtisseurs, de la trempe de ceux qui construisaient des pyramides qui ont survécu aux arrière-petits-enfants de leurs arrière-petits-enfants. L’heure venue, ils se feront connaître eux aussi.
Que disent les textes du Mrc, à propos des primaires au sein du parti ?
Des primaires ? Si vous pensez encore aux élections présidentielles à venir, je vous l’ai dit, ce n’est pas la question de l’heure. Nous de- vons conduire à son terme le processus de renouvellement des organes de notre parti de la base au sommet et être satisfaits de sa bonne fin, cela réclame toute notre attention et toute notre énergie. Nous lui consacrons donc l’une et l’autre.
Des voix émergent de l’intérieur du MRC, pour sou- tenir, en se référant aux textes de base de ce parti politique, que l’actuel président national a la possibilité d’être candidat à sa propre succession en 2023. Cette donne change-t-elle vos ambitions ?
Il se trouve que je faisais partie des membres de la commission de révision des statuts en 2018. Je peux donc en parler sur la base de la connaissance précise et documentée que j’ai de la conclusion de nos travaux. Personne ne discute que les statuts disponibles sur le site du parti ne sont pas les statuts révisés en 2018… Ceci étant dit, l’objectif de ma déclaration n’était pas de m’opposer à une quelconque candidature au poste de Président du MRC, mais d’annoncer la mienne. Je suis touchée et encouragée par le retentissement de cette annonce, et ne saurais gâcher ce moment en entraînant mes amis politiques dans des arguties juridiques dont je suis persuadée qu’ils n’ont que faire, au fond. Ce qui compte, aujourd’hui, c’est de leur faire connaître mon projet pour le MRC et de les convaincre que je mérite leur confiance. C’est à cela que je veux consacrer mon énergie.
Propos recueillis par Théodore Tchopa du journal Le Jour