Marzouka Oummou Hani était loin d’imaginer que son roman devait l’amener devant les tribunaux, la néo bachelière résidant à Ngaoundéré à travers son ouvrage Mon père ou mon destin traite d’une kyrielle de thématiques notamment le mariage précoce,les violences envers les filles et les femmes, l’émancipation de la jeune fille du Sahel…
Le cadre spatial choisi étant le village Idool, les populations se sont senties outrées par le narratif de la jeune romancière, quid de cet ouvrage ?
«Je n’écris pas pour plaire » scande Marzouka Oummou Hani lors d’une interview, elle fait fi des règles et coutumes qui régissent la culture du Septentrion, à son jeune âge, elle a affranchi sa plume des considérations de ses congénères.Comme Stendhal, pour elle , le roman doit refléter la réalité, en bouleversant les habitudes, voir en choquant. Comme Mariama Bâ, Dans Une Si Longue Lettre, Marzouka Oummou Hani s’insurge des violences conjugales, elle s’érige à travers sa plume comme une sentinelle qui défend les droits de la femme.
La trame du roman
L’histoire se déroule à Idool, localité au paysage pittoresque où la jeune Astawabi nourrit une ambition démesurée de devenir écrivaine, dans cette optique, elle est soutenue tout naturellement par sa mère, mais son père Hamadjoda sera farouchement opposé à ce projet. Après l’obtention de son baccalauréat, il souhaite la marier à son ami Sadou quinquagénaire pour régler ses dettes. Face au refus des deux femmes, Hamadjoda va entrer dans une colère noire en les violentant. Ce qui va pousser tout Astawabi et sa mère à se révolter, elles iront trouver refuge auprès de la mère du chef du village. De manière anodine, l’héroïne apprendra lors d’une discussion entre sa mère et Mama Aïcha , qu’elle est le produit d’une relation adultérine entre sa mère et le chef du village et donc qu’elle n’est pas la fille de Hamadjoda. En témoigne cette discussion entre le chef d’Idool et sa génitrice «Mère, je vais t’avouer. J’ai toujours voulu me confesser
à toi. Après cette histoire. Il y a de cela dix-sept ans, j’ai
aimé cette femme dès le premier regard mais elle m’a toujours ignoré. Ce qui s’est passé n’est en aucun cas été mon
intention. C’est arrivé un jour lorsqu’on s’est croisé à la
rivière. » Sacrilège du chef et déception du personnage principal qui décida de fuir le village, rendue à Ngaoundéré, elle sera aidée par Hassan qui deviendra plus tard son époux. Outre l’adultère du chef du village, l’auteur dépeint une atmosphère où slaloment magie noire et dépravation des mœurs, elle présente le fondateur du village comme un grand sorcier. Marzouka Oummou parle sans complaisance de Dieu, par exemple , après la mort de sa mère, Astawabi prononça des propos blasphématoires « Ce Dieu n’existe pas »
Le roman étant une fiction, la jeune écrivaine n’a pas pu respecter la méthodologie qui encadre l’œuvre romanesque. Sa maison d’édition n’a pas su aussi l’encadrer, outre le fond, la forme est aussi à revoir, car le roman est parsemé de quelques fautes d’orthographe et de grammaire.
En dépit de ces manquements, il n’était pas nécessaire de poursuivre cette jeune écrivaine en justice et surtout de lui demander de payer un dédommagement de plusieurs millions de FCFA.
De ce fait, la proposition de Djaili Amadou Amal est salutaire, celle de réécrire cet ouvrage « Mon père ou mon destin ».