Après avoir obtenu sa qualification pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (organisée du 13 janvier au 11 février 2024 en Côte d’Ivoire), le Cameroun va disputer un match amical qui ne passera pas inaperçu : le 12 octobre, les Lions indomptables affronteront la Russie, à la VTB Arena de Moscou. L’occasion pour le public moscovite de voir évoluer sa sélection pour la première fois depuis le 7 septembre 2021 et le duel face à Malte, au Stade du Spartak, dans le cadre des éliminatoires pour la Coupe du monde 2022.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Depuis l’invasion de l’Ukraine, fin février 2022, l’équipe nationale et les clubs russes ont été mis au ban du football mondial .
La Fédération internationale (FIFA) et son homologue européenne, l’UEFA, les ayant exclus de toutes leurs compétitions. Reste que la Russie a pu disputer des matches amicaux au Tadjikistan, en Ouzbékistan, au Kirghizistan, ou encore en Iran et au Qatar. Mais aussi sur son sol, comme ce fut le cas face à l’Irak, à Saint-Pétersbourg, le 26 mars. La venue des Lions indomptables à Moscou « était souhaitée depuis plusieurs mois par les Russes », déclare une source anonyme .
« Les discussions ont concerné les ministères des affaires étrangères en premier lieu, un tel match ne pouvant être le fait d’un accord entre fédérations », poursuit-elle.
Selon un organisateur de matchs FIFA, les premiers contacts remontent au début de l’année 2023, quand les joueurs russes étaient à la recherche d’adversaires pour disputer des matchs amicaux. Or, rappelle-t-il, « aucune sélection européenne ne veut prendre le risque de les affronter, car cela aurait des conséquences sur les opinions publiques. Des fédérations africaines ont également refusé ». Paul Biya, le chef de l’Etat camerounais, lui, s’est rapidement montré favorable à cette perspective. La rencontre aurait initialement dû se jouer en juin, mais Samuel Eto’o, le président de la Fecafoot, s’était déjà engagé pour un match, le 10 juin, face au Mexique, à San Diego (Californie).
« Ce match est un signal fort politiquement »
Le Cameroun sera bien la première formation A, autre qu’asiatique, à affronter la Sbornaya depuis le début de la guerre. Au mois de septembre, une sélection russe s’était rendue en Egypte pour deux rencontres, mais c’était face à l’équipe olympique locale soit les moins de 23 ans. « La Russie veut montrer que malgré les différentes sanctions, elle peut exister notamment via le sport, et ce match face au Cameroun à Moscou est un signal fort politiquement, insiste Lukas Aubin, directeur de recherches à l’Institut des relations internationales et stratégiques. Le régime compte ses alliés, et on sait qu’il en a un certain nombre en Afrique, un continent où son influence s’est renforcée à partir de 2019. Le Cameroun, même s’il souhaite la résolution du conflit en Ukraine, est par exemple favorable à la présence des athlètes russes aux Jeux olympiques de Paris en 2024. »
Selon les informations du « Monde Afrique », la Russie prendra en charge le déplacement et l’hébergement des Lions indomptables dans la capitale. L’accueil réservé à Samuel Eto’o sera aussi scruté de très près. Le président de la fédération a participé, début août, à Londres, à un match caritatif organisé par l’ancienne gloire de la sélection ukrainienne, Andreï Chevtchenko, pour financer la reconstruction d’une école détruite par l’armée russe. La présence de l’ex-attaquant à cet événement avait été peu appréciée tant par Vladimir Poutine – que le joueur avait rencontré à Moscou en marge du tirage au sort de la Coupe du Monde 2018 – que par le chef de l’Etat camerounais Paul Biya.