Face à la recrudescence des actes de torture et de mauvais traitements, les ONG appellent à des réformes profondes. Le gouvernement a été sommé de répondre aux préoccupations internationales. Le rapport a été présenté lors du thé citoyen à la presse, organisé le 29 novembre dernier à Yaoundé_.
Le Cameroun figure parmi les six pays mis en cause dans le rapport du Comité des Nations Unies contre la torture. Le communiqué publié met en lumière une recrudescence préoccupante des violations des droits humains, marquées par des traitements cruels, inhumains et dégradants. Depuis plusieurs années, les actes d’usage excessif de la force et les détentions illégales de civils sont régulièrement dénoncés au Cameroun. Des figures publiques telles que l’artiste Longue Longue, l’avocat Me Richard Tamfu, et le journaliste Martinez Zogo ont eux-mêmes été victimes de ces dérives.
En réponse à ces accusations, le représentant permanent du Cameroun auprès des Nations Unies, M. Salomon Eheth, a déclaré que des réformes réglementaires et institutionnelles ont été entreprises pour prévenir et sanctionner la torture. Toutefois, les organisations de la société civile (OSC) réunies dans un consortium – incluant Mandela Center International, Nouveaux Droits de l’Homme Cameroun et Conscience Africaine – dénoncent un discours officiel qui serait déconnecté de la réalité.
Selon le Dr Hilaire Kamga, co-auteur d’un rapport présenté au Comité des Nations Unies contre la torture, « le gouvernement a institutionnalisé la torture. Les auteurs de ces actes, parfois responsables de morts, sont promus au lieu d’être punis. Cela prouve que l’État utilise la torture comme un instrument de gouvernance. »
Des recommandations pour un changement réel
Face à ce sombre tableau, le Comité des Nations Unies contre la torture a demandé au gouvernement camerounais de fournir des renseignements précis sur des thématiques telles que l’accès à la justice, le droit à la réparation et les violences faites aux femmes. Les OSC ont formulé des recommandations concrètes pour lutter contre la torture : il s’agit d’adopter une loi spécifique régissant la commission d’indemnisation des victimes de détentions abusives, de mettre en place un système de compensation et de réhabilitation pour les victimes ; d’ouvrir automatiquement une enquête judiciaire pour toute allégation de torture ; d’interdire l’usage des machettes et des chaînes comme instruments disciplinaires et de réviser le décret n°92/052 encadrant le régime pénitentiaire au Cameroun.
Les violations des droits humains mises en avant par le Comité des Nations Unies contre la torture mettent en lumière une gouvernance en décalage avec les standards internationaux. Si des progrès réels ne sont pas rapidement réalisés, le Cameroun risque de s’éloigner davantage des idéaux de justice et de respect des droits fondamentaux.
Le chemin vers une société respectueuse de la dignité humaine reste parsemé d’embûches. Pour les acteurs de la société civile, l’espoir réside dans une prise de conscience collective et une volonté politique renouvelée.