Le chanteur et artiste camerounais, Blick Bassy, signe Bikutsi 3000. Dans ce « conte afro-futuriste » et « féministe », le continent africain s’émancipe du colonialisme et de l’impérialisme grâce à la danse des femmes. L’avant-première de ce spectacle est donné du 17 au 19 juin au musée du Quai Branly à Paris.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Tout commence par cet avertissement au spectateur : « Ce conte comporte des faits historiques réels ». Et puis il y a les images de l’abattage d’un arbre à partir duquel on fabrique des tambours. Tout cela avant qu’une conteuse n’apparaisse en vidéo sur les longues tentures qui servent d’écran. Dès les premiers moments, Bikutsi 3000 nous amène loin de nos bases, aux confins de Mintaba – le continent africain.
La trame de ce « conte afro-futuriste » et « féministe » imaginé par l’artiste camerounais, Blick Bassy, croise effectivement la grande histoire. En 1885, lors de la conférence de Berlin, 14 pays parmi lesquels l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis ou le Portugal décident de se partager l’Afrique et d’imposer le système colonial. La reine du Nkolmesseng entre alors en résistance. Elle a pour objectif de défaire d’ici 2050 Mintaba du colonialisme et de l’impérialisme grâce à une armée de femmes qui se bat par la danse.
« On danse tout le temps »
La narration se déploie en cinq tableaux qui représentent des lieux et des époques différentes. On part de « Nkolmesseng » en 1885, l’actuel Cameroun, pour arriver à « Umugezi », le Rwanda et le Burundi de 2050. Entre temps, on a parcouru tout le continent et plus d’un siècle et demi. Traversé par les danses traditionnelles de chaque pays (Cameroun, Namibie, Togo, Tanzanie, Rwanda et Burundi), Bikutsi 3000 trouve sa pulsation dans cet art.
Pourquoi en faire le pilier de tout ce conte ? « Dans nos différentes tribus, on danse tout le temps, pour les guérisons, pour les naissances, pour les deuils, constate Blick Bassy. Chez les Bamilékés par exemple, les funérailles sont un moment de danse intense. La danse permet de passer d’une dimension une autre. » Cette danse n’est jamais très loin de la transe ; elle appelle ici à une nécessaire transformation et à une prise de conscience des populations.
Dans cette histoire panafricaine, ce sont les femmes qui jouent les premiers rôles. Elles sont conteuses, mais aussi prêtresses vaudous, reines, guerrières ou chanteuses ; surtout, elles sont de toutes les images. Ayant fait confiance à quatre jeunes danseuses venus de la danse africaine comme du hip hop, Blick Bassy leur a laissé les coudées franches pour chorégraphier ses tableaux. Un choix qui s’avère gagnant tant ces filles vont bien ensemble !