«Être femme est un métier à plein temps » est un ouvrage de Koutoukoute
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!On a coutume de dire que tout être qui agit en fonction d’une fin reconnaît que la nature de la fin poursuivie détermine la nature de l’action , et l’action érigée sous forme d’ouvrage littéraire soumis à notre appréciation est un recueil de nouvelles qui raconte l’histoire de 20 Femmes et de 20 chroniques relatées avec maestria . Dans un ton quelque peu satirique et bardé d’humour, le lecteur est aussitôt captivé par ce reflet burlesque des personnage ou des monologues qui se prêtent à ce vaste déferlement d’émotions et de choix de vie qu’ont choisi de vivre ces dernières. Avec cette manière singulière de rédaction, on est immergé dans un océan d’histoires comico-réalistes , on est invité à découvrir la femme ( pour les hommes ) et pour la gente féminine à se redécouvrir .Le titre de ce recueil sonne comme un cri de silence et se dresse comme un grand phare illuminant le chemin de celui qui veut comprendre la femme . Dès lors peut-on appréhender cet être frêle , candide, et magnifique ? La femme a t-elle la capacité d’être flegmatique ? La réponse est non , parcequ’être une femme est un métier à plein temps , à travers ses récits teintés d’humour et de sarcasme , l’on peut affirmer que la femme dans son esprit et dans son corps se découvre perpétuellement , tel un cours d’eau qui poursuit son affluent , quand on croit connaître une femme , on est surpris à chaque instant .Pour dire les choses de manière triviale «Si on t’explique la femme et que tu l’as comprends , c’est qu’on t »a mal expliqué ,» .En nous basant sur les idées de la romancière française George Sand , la femme est un être insaisissable et imperceptible .
Toutefois , perceptible est la couleur de la première de couverture , une couleur rose qui traduit le monde dans lequel on pénètre(Le monde féminin ) , on découvre quatre femmes assises sur un banc le dos tourné , en visualisant cette image , on découvre qu’elles n’ont pas le même âge Elles scrutent l’horizon , elles cherchent à sortir des vallées obscures du quotidien pour marcher sur le sentier ensoleillé de leurs désidératas , on peut inférer que le tourbillon de leurs passions ébranle les fondations de leur bonheur .
À l’aune de cet ouvrage donc Être femme est un métier à plein temps , on découvre la première nouvelle qui est « Mémé Coquine » , un récit truculent et libidineux qui se déroule dans une église et révèle les zones d’ombres , les comportements perfides et sordides d’une femme mariée de 50 ans Bettanie qui entretient une relation avec un jeune de 30 ans .Le pot aux roses découvert , elle se lache en faisant des révélations à la page 13 .«Bon , en passant , Katy, tu n’as ni la qualité ni l’autorité pour me juger .Ni vous d’ailleurs , Pasto .Vous croyez qu’on n’est pas au courant de vos petites coucheries lors des dernières assises ? Eh oui! Tu te tapes Pasto et Titus en même temps .Et toi madame, l’alliance que tu portes là … C’est moi qui l’ai achetée ! Personne ici , je dis -bien-personne ,n’a le droit de me juger .Laissez Dieu faire mon palabre. Bande d’hypocrites ! ». Toujours sur le chemin escarpé de l’infidélité , au deuxième récit qui est «Pour vivre heureux …» , Fouolefack qui est une «tchiza » s’est retrouvée dans une position inconfortable , après un rapport charnel avec son ami qui est un homme marié , elle découvre que ce dernier sort avec sa boss Dr Bassam , .Une fois de plus la nouvelle mène intrigue et sarcasme .Le jargon camerounais est bien usité «je suis venu comme toi au moulin du quartier écraser mon pistache , mon Sang remonte brusquement dans mon cerveau et toutoup toutoup
toutoup ….»peut-on lire .
La vie de la femme est aussi faite de tribulations et de remords , condamner à vivre ensemble hommes et femmes .Le bonheur d’une femme amoureuse dépend de son homme , si elle a la chance de tomber sur un époux fidèle , gentil et attentionné , sa vie sera semblable à une rose qui irradie des senteurs des kilomètres à la ronde , au cas contraire , sa vie sera semblable à un champ de ruines , submergée par des brimades ,elle se sent esseulée dans ce monde .Ainsi , la troisième nouvelle nous relate ce récit triste« au nom de l’amour » , au nom de l’amour , la femme subit , au nom de l’amour , la femme encaisse. Dans cette nouvelle , le mari cavaleur viole et sodomise la petite sœur de sa femme et transmet aux deux sœurs le VIH SIDA et pour se venger cette dernière va l’ expédier au royaume des morts à l’aide d’un poison.Au fur et à mesure qu’on dévore les pages de cet ouvrage , on découvre la pétulance de la plume de l’auteur , car il conjugue avec brio l’argot camerounais et le français .Comme une photographie de la réalité , les histoires semblent tout droit sorties des faits traités par les journaux .Ce récit s’articule aussi avec un vocabulaire concupiscent comme dans la nouvelle «Saccagement votre » à la page 76 , on peut lire «Le regard fou , il m’y attire et me jette sur le grand lit impeccablement dressé . Debout , il enlève la ceinture , baisse son pantalon en même temps que son slip ,Zamaaaaa! Un plantain exceptionnel , imposant , tendu prêt . Voilà une machette qui va débroussailler mon champ ! » argue l’auteur. En se référant sur la société camerounaise , l’auteur aime illustrer les propos des personnages avec les onomatopées et les interjections .En parfait accord avec son temps , l’auteur fait allusion aux réseaux sociaux à l’instar de Facebook , comme à l’incipit de la nouvelle « Japap mortel » «Ekiéé ! Guylaine est morte ?? Je zoome encore sur l’image .Oui c’est elle .Akiée Seigneur ! La mort est devenue quoi ? Waaa.Et c’est sur Facebook qu’on vient apprendre la mort de quelqu’un ? .
L’univers des femmes étant complexe ,on découvre aussi que les relations entre elles sont souvent belliqueuses comme dans la nouvelle «Serment D’hypocrite » , où l’auteur relate l’histoire de cette femme qui vient se faire consulter à l’hôpital .Quolibet et raillerie sont aussi au rendez-vous à la page 147 on peut lire « Et voici alors l’autre qui vient de se lever .Aïee , je vais m’évanouir .Les femmes hein ! Yeuch .Donc parcequ’on vous a dit qu’il n’est pas très conseillé de faire sa toilette quand vous allez faire un prélèvement que vous n’allez plus vous laver trois jours avant ? , L’hypocrisie de certains gynécologues est aussi mise à nue dans ce récit , où ces derniers profitent de leur situation pour assouvir leur désir dans les sexes des femmes .
Ce texte écrit de manière singulière revêt un caractère exquis et est destiné à un public bien précis . Toutefois , la perfection n’étant pas de ce monde , l’ouvrage n’est pas exempt de critique .Dans qu’est ce que la Littérature ? Jean Paul Sartre soutient mordicus que le rôle de l’écrivain est de faire en sorte que nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne puisse s’en dire innocent » ,ainsi dans cette œuvre «Être femme est un métier à plein temps » on s’attend à une étude un peu scientifique qui analyse les conditions de la femme dans la société .Le style d’écriture utilisé réduit la portée de l’ouvrage , car seuls les camerounais et certains africains peuvent comprendre la quintessence de l’ouvrage dûe à l’utilisation abusive et exagérée de l’argot Camerounais à l’instar de «Japap , tchiza , chintokserie , bôbôh… , On note aussi la présence à maintes reprises des onomatopées qui saccade la lecture .Le champ lexical du rapport sexuel étant utilisé de manière crue , certaines personnes adeptes de la morale et de la réligion pourraient rechigner à lire cet ouvrage .Le statut de la femme étant une donnée à construire dans cette société phallocratique , réduire la femme à des désirs sexuels pourraient heurter la sensibilité de certaines personnes . Nonobstant ces quelques critiques , cet ouvrage a le mérite de dénoncer les maux que subissent les femmes . Enfin, les hommes en lisant vont comprendre que la femme doit être chérie voir même ennoblie.