« Intéressant », « séduisant », « intuitif »… Dans les milieux d’affaires de Ngaoundéré, les adjectifs employés pour qualifier le débat en cours sur l’urgence de procéder à la refondation du Patronat camerounais frise le dithyrambe. Rien d’étonnant. Après Yaoundé et Bana, Ngaoundéré a accueilli le troisième atelier avec pour thème « Quels services à forte valeur ajoutée pour les entreprises camerounaises ? ». Le 06 juillet , le Think Do Tank The Okwelians a organisé un atelier de réflexion sur la question, qui a attiré une cinquantaine de personnes : étudiants, experts et chefs d’entreprises pour la plupart.
Thank you for reading this post, don't forget to subscribe!Le Sanda Institute of Management (Sisma), une école professionnelle privée fondée par l’ancien ministre Sanda Oumarou, qui s’est depuis longtemps reconverti dans les affaires et a même été, de 2017 à 2020, Vice-président du Gicam, a servi de cadre à cette réflexion.
Au cours de l’atelier, les experts invités ont souhaité que la refondation du Patronat camerounais puisse grandement contribuer à développer des services de proximité pour mieux accompagner les secteurs de l’élevage et du transport : les deux secteurs phares de la région de l’Adamaoua. Ces services de proximité tenant aussi bien à l’intelligence économique qu’au renforcement de capacités ou encore au réseautage d’affaires sont pour l’instant absents du Septentrion, pour ne pas dire du Patronat. C’est pour cette raison que Abbo Fodoué, le délégué régional de la Chambre de commerce, de l’industrie, des mines et de l’artisanat (CCIMA) pour l’Adamaoua, a lors de son mot d’ouverture de l’atelier de réflexion au Sisma, indiqué que « les opérateurs économiques sont orphelins ». Un abandon fautif qui appelle, à n’en point douter une refondation.
Par ailleurs, il est évident que le choix de Ngaoundéré n’était pas anodin. The Okwelians, même sans l’avouer, est convaincu que cette ville du Grand-Nord est un grand carrefour qui ouvre sur d’autres villes du septentrion et vers plusieurs pays voisins du Cameroun comme le Nigeria, le Tchad et la République centrafricaine (RCA). Tout laisse croire que cette option a été payante, car de nombreuses confidences laissent entendre qu’après Ngaoundéré, il faut s’attendre à ce que la refondation convertisse bon nombre d’hommes d’affaires du Grand-Nord.
En effet, si certains cadors des affaires de la ville n’ont pas assisté à cet atelier, il ne fait aucun doute que beaucoup sont convaincus, comme The Okwelians, que le Patronat camerounais doit faire sa profonde cure de jouvence pour se débarrasser de ses multiples scories. Des sources autorisées classent parmi ceux-là Docteur Mohamadou Bassirou, ancien directeur général de Maïscam et co-fondateur de l’exploitation agro-pastorale OK Farm, spécialisée dans l’élevage des poulets de ferme et la transformation des fruits.
Plusieurs patrons qui ont pignon sur rue dans la ville de Ngaoundéré ont d’ailleurs ouvert leurs portes à la délégation du think do tank The Okwelians en marge de l’atelier de réflexion. C’est le cas du milliardaire El Hadji Mohamadou Ousmanou Abbo, le propriétaire de Maïserie du Cameroun (Maïscam), un pionnier industriel camerounais. La discussion avec l’homme d’affaires a tourné autour des perspectives de Maïscam et des défis actuels du patronat camerounais. La visite de cette figure tutélaire du monde des affaires dans le Grand-Nord donne sans doute encore plus de relief au débat engagé sur la refondation du patronat camerounais.
La délégation a de même été reçue par Aladji Ahmadou Malam, le Vice-président national du Groupement des transporteurs terrestres du Cameroun (GTTC). L’hôte est préoccupé par tous les défis qui concernent ce secteur. Selon toutes vraisemblances, la même discussion a meublé les échanges avec Mohamadou Abdoulaye, le directeur général de Touristique, la compagnie de voyage leader dans tout le Grand-Nord. On se souvient que cette année, dans les salons cossus des trois régions septentrionales, l’élite locale s’est plainte de ce que le patronat a abandonné la compagnie Touristique après la suspension de cette dernière il y a quelques mois. Cela intéresse donc d’autant plus que la refondation porte la promesse d’un patronat de proximité, plus proche des préoccupations des entrepreneurs qui exercent loin des villes de Yaoundé et de Douala.
Nana Maadzou, le président de l’Association pour la promotion de l’élevage au sahel et en savane (APESS) fait aussi partie des acteurs qui ont échangé avec la délégation la semaine dernière. Les échanges ont porté sur l’ensemble des politiques publiques qu’il faut mettre en place pour développer le secteur de l’élevage au Cameroun.
Quand ce n’est pas les milieux d’affaires, c’est les institutions publiques puisque le recteur de l’université de Ngaoundéré, Florence Uphie Chinje, a accordé une audience à Jacques Jonathan Nyemb, président du Think Do Tank The Okwelians. Ils ont longuement discuté de la promotion de l’entreprenariat jeune et de l’implication attendue des entreprises dans la formation notamment en matière d’innovation. Une autre promesse de la refondation.
Rappelons que The Okwelians a lancé un cycle d’ateliers de réflexion sur la refondation du patronat, alors même que le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) traverse une crise de gouvernance majeure ; en toile de fond, la fusion annoncée entre le Gicam et Ecam mais surtout le renouvellement à venir des instances dirigeantes du Gicam. L’idée est donc certainement de récolter des suggestions dans le but de forcer cette thématique dans le débat électoral du patronat. Ce cycle d’ateliers se poursuit à Limbé puis avec la diaspora entrepreneuriale camerounaise.
Il est indéniable que pour The Okwelians, toutes ces rencontres sonnent comme victoire. En tout état de cause, à Ngaoundéré, le débat sur la refondation a franchi un cap important grâce à ce round-up qui a contribué à glaner des soutiens de taille.