Geremi Njitap Fotso « Cyrille Domoraud a pris les footballeurs ivoiriens en otage ! »

Yahaya Idrissou

Geremi Njitap ne décolère pas. Le vice-président de la FIFPRO et président de la FIFPRO Afrique, favorable à la suspension de l’Association des Footballeurs Ivoiriens (AFI), fustige la position et le comportement de Cyrille Domoraud, qui a confondu ses intérêts personnels et ceux des joueurs ivoiriens, et entraîne aujourd’hui par le fond l’association dont il est le président…

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Le Board de la FIFPRO Afrique, que vous présidez, a été unanimement favorable, dit-on, à la suspension de l’AFI…

Évidemment, comment aurait-il pu en être autrement d’ailleurs ? Comment ceux qui ont décidé, comme nous, comme moi, de se mettre au service des footballeurs peuvent-ils accepter, à défaut de comprendre, la décision de trois des membres du Comité directeur de l’AFI de ne pas soutenir, donc de ne pas parrainer, Didier Drogba, candidat à la présidence de la Fédération Ivoirienne de Football, la FIF ?

À défaut de comprendre, que dites-vous finalement ?

Comprendre, il ne nous a pas fallu beaucoup de temps… Même si Cyrille Domoraud n’a jamais avoué, devant nous, que Idriss Yacine Diallo lui avait offert une place sur sa liste en échange de son parrainage, nous l’avions compris dès le départ, avant d’en obtenir très vite la confirmation. Il en était de même pour son conseiller spécial, totalement inféodé lui-aussi aux présidents de clubs… Cyrille Domoraud ne pouvait pas avancer cet argument… Il a préféré parler d’un engagement passé, trois ans plus tôt avec le GX – et déjà sans que cette décision ne soit partagée avec les joueurs et validée par eux, preuve de l’absence de tout processus démocratique au sein de l’AFI – auquel il voulait rester fidèle… Il a parlé des erreurs de Didier Drogba en terme de communication et d’approche que ce dernier a d’ailleurs reconnues… Les propres soutiens de Cyrille à l’intérieur du Board de l’AFI ont essayé de noyer le poisson avec des histoires d’ego, remontant à l’époque de l’équipe nationale. Rien de crédible, rien d’audible, quand on la charge de représenter les joueurs. Aucun des arguments avancés par Cyrille n’a pu nous convaincre et surtout pas cet aveu de faiblesse, ridicule et pathétique, devant le Board de la FIFPRO Afrique : « Vous ne pouvez pas comprendre, ici, c’est la Côte d’Ivoire, c’est l’Afrique ! » Ce serait risible si ce n’était pas à ce point triste à pleurer !

Mais…
(Il coupe.) Mais ce n’est pas le plus grave. Ce n’est rien d’autre, en la matière, que l’expression de la honte que Cyrille devait ressentir devant nous, devant ses pairs, de trahir ainsi les joueurs, de nous trahir, de trahir ses propres engagements. Car au-delà des statuts et de tout le reste, il n’a pas respecté la mission qui était la sienne en tant que président d’une association de footballeurs, membre de la FIFPRO, qui est de promouvoir l’émergence des joueurs dans les instances, dans les plus hautes instances, et de leur permettre d’accéder à des postes à responsabilité. Aux plus hautes responsabilités possibles ! Mais ce n’est pas tout… Oui… Je vous renvoie au programme respectif de la liste Diallo et à celui présenté par Didier Drogba… Rien d’étonnant, compte tenu de son passé au sein des clubs et des instances, que le premier ne comporte que d’infimes avancées pour les joueurs, quand elles sont à foison dans celui de Didier. Lui évidemment répond aux attentes et aux besoins des footballeurs ivoiriens, en matière de reconnaissance, de statut, de contrat. Lui, répond à tout ce que l’AFI recherchait vainement d’obtenir depuis sa création auprès de dirigeants tel que Idriss Yacine Diallo, notamment, et que l’AFI n’a jamais obtenu depuis !

Et c’est pourtant sur cette liste que figure Cyrille Domoraud…

Il n’a donc pas agi pour le bien des footballeurs ivoiriens, mais pour lui-même en prenant l’AFI, donc les footballeurs ivoiriens, en otage ! C’est une des raisons de la suspension prononcée par la FIFPRO…
L’une oui. La FIFPRO est une organisation démocratique, ses membres doivent l’être aussi. Prendre une telle décision devait forcément recueillir l’avis des membres. Il ne pouvait en être autrement, car l’AFI est et reste l’association des footballeurs… Ne pas organiser d’Assemblée générale depuis 3 ans et prendre une telle décision de manière unilatérale nous pose un problème, à nous la FIFPRO, et cela représente aussi un problème majeur pour les footballeurs ivoiriens…. Car ce qui vient de se passer à l’AFI n’est pas le moins du monde l’expression de la démocratie ! Nous avions mis le président Domoraud en garde à plusieurs reprises, comme nous lui avions tendu la main car nous pensions qu’il finirait par comprendre que l’AFI ne lui appartient pas. Il a préféré jouer sa carte personnelle, entraînant Kolo Touré et Aruna Dindane dans sa chute, entraînant surtout l’AFI avec lui. Pourtant les joueurs en Côte d’Ivoire et de très nombreux internationaux lui ont fait savoir qu’il se fourvoyait…
Ils l’ont fait à maintes reprises, ils ont même signé une pétition en ce sens, mais cet appel à la démocratie, à la raison est resté lettre morte.

Une pétition est-elle envisagée ?

Signée par plus de 350 joueurs et joueuses des championnats d’élite de Côte d’Ivoire, qui ont massivement demandé à l’AFI d’apporter son soutien à Didier Drogba. Et la plupart des joueurs de l’équipe nationale – y compris les deux capitaines en exercice – ont rejoint ce mouvement, cet appel à la démocratie. Ce n’est pas neutre. Comment Cyrille Domoraud peut-il l’ignorer, comment peut-il feindre de ne pas entendre ce que lui demande les footballeurs ivoiriens, qu’il est censé représenter ?

Cyrille Domoraud ne peut donc pas rester président de l’AFI !

Ce n’est pas à moi de répondre à cette question, mais aux footballeurs ivoiriens eux-mêmes. Et cela passe, évidemment, par un processus démocratique, c’est-à-dire par la demande d’une convocation d’une Assemblée générale extraordinaire lors de laquelle, logiquement au regard des événements et du non-respect par Cyrille Domoraud de leur volonté exprimée, les joueurs devraient reprendre possession de leur association, puisque l’AFI n’existe que par et pour eux ! »

Entretien realisé par Dimitri AMBA

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