Elvis Kemayo : une vie en chansons

Dans le cadre de la 26ème édition des écrans noirs , ce 05 octobre 2022 a été projeté le documentaire « Elvis Kemayo , L’idole Yéyé  » réalisé par Jean Roke Patoudem à l’Institut français de Yaoundé , un film documentaire de 90 minutes qui ressasse la vie de cet esthète de la musique camerounaise , laboureur des mots , avec sa voix , il a su irradier des mélodies aux millions de melomanes .On a pu découvrir l’intimité de ce digne fils du département du Ndé .

Le choix d’un titre d’un documentaire ne se fait pas de manière anodine , Elvis Kemayo , l’idole Yéyé traduit la grandeur de cet artiste qui a su marquer plusieurs générations de camerounais , son talent vocal indélébile qui résiste à l’usure du temps se dévoile dans ce documentaire , dans une salle remplie de nombreuses personnalités à l’instar de Célestine Ketcha Courtes , Jean de Dieu Momo , Pr Emmanuel Pondi …, l’assistance a réservé une standing ovation à ce documentaire .Les intervenants à l’instar de Sergeo Polo , Kareyce Fotso , Laurentine Assiga ont chacun magnifié l’œuvre musicale de ce globe-trotter , dans le documentaire ,Sergeo Polo , par exemple s’est dit marqué par la chanson « maman  » , «c’est vrai , je ne comprends pas ce qu’il dit dans cette chanson , mais elle me transperce , tu sens qu’elle est porteuse de message » soutient Le Président de Deido à Paris .
Pour la technique narratologique , le réalisateur s’est appuyé sur le témoignage de l’ami d’enfance de l’artiste , sa cousine et des personnes citées plus haut , Jean Roke a le mérite de transmettre des émotions à travers ce documentaire , il a su allier l’histoire d’Elvis Kemayo et celle du Cameroun , une manière de dire que l’artiste est influencé par l’évolution socio-politique de son pays . Premier film documentaire réalisé sur Elvis Kemayo , le réalisateur célèbre une icône de la musique , une star du petit écran , qui au lancement de la télévision nationale à travers l’émission télé podium a forgé la carrière de plusieurs autres artistes à l’instar de Dina Bell , La Piro de Mbanga , Prince Eyango ..
De manière subtile , le réalisateur interpelle ses confrères à produire des documentaires sur nos icônes de la politique , de la culture , du sport .. car ils feront partie des archives . En outre , la projection de ce documentaire en présence de l’artiste bat en brèche le grief fait aux africains sur le fait qu’on ne célèbre pas nos héros .«Merci à mon frère Jean Roke » argue Elvis Kemayo . Toutefois , ce documentaire n’est pas exempt de critiques .

Zones d’ombre de ce documentaire

Le film documentaire se basant sur la narration de l’auteur était trop figé sur les images , il a manqué une mise en scène , par exemple , on aurait souhaité que l’artiste Elvis Kemayo nous balade dans la ville de Douala en nous montrant la maison où il a grandi à New Bell , si elle n’existe plus , montrer l’endroit, aucune descente sur le terrain ,à la place on s’est contenté du récit et des anciennes images diffusées . Le réalisateur n’a pas donné la parole aux enfants d’Elvis Kemayo .L’artiste affirme qu’il a passé une bonne partie de sa vie au Gabon , ses premiers amours qui lui ont inspiré la chanson « Te revoir » , il a été aussi le directeur de l’orchestre national de ce côté , une fois de plus aucune descente ne s’est faite , aucune de ses danseuses n’a été interviewée , aucune explication n’a été faite sur son départ de télé podium . On aurait souhaité que le réalisateur confie le travail de journaliste à un camerounais , la voix off qu’on attendait était celle d’un occidental , or on parle d’un monument de la culture africaine .À certains endroits , le récit était en contradiction , la transition n’était pas soignée .