À l’issue du scrutin présidentiel du 12 octobre au Cameroun, la mission d’observation électorale dépêchée par l’Union africaine (UA) a livré un premier bilan largement positif tout en appelant à la retenue et au respect des institutions dans l’attente des résultats officiels. Lors d’une conférence de presse organisée ce mardi à Yaoundé, Bernard Makuza, chef de la mission et ancien Premier ministre ainsi qu’ancien président du Sénat rwandais a tenu à rassurer la population camerounaise et la communauté internationale sur la tenue d’un processus globalement apaisé.


Invitée par le gouvernement camerounais, la Commission de l’Union africaine a dépêché au Cameroun une mission composée de 40 observateurs de court terme. Ces experts viennent d’une vingtaine d’États membres du continent africain, dont l’Algérie, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Sénégal, le Rwanda, la Tunisie, le Tchad et l’Afrique du Sud. Cette diversité géographique et institutionnelle témoigne de la volonté de l’UA de garantir une observation impartiale, neutre et rigoureuse.
La mission réunit des profils variés, allant de parlementaires du Parlement panafricain à des ambassadeurs africains accrédités auprès de l’Union, en passant par des responsables d’organes de gestion des élections, ainsi que des représentants d’organisations de la société civile, des médias et du monde académique. Cette composition pluridisciplinaire permet de couvrir l’ensemble des dimensions du scrutin , organisation administrative, respect des règles électorales, climat politique, rôle des médias, et participation citoyenne.
Arrivée au Cameroun le 7 octobre dernier, la mission a suivi de près les derniers jours de la campagne électorale, s’assurant que les candidats puissent s’exprimer librement et que les conditions soient réunies pour un scrutin équitable. Le jour du vote, les observateurs ont été présents dès l’ouverture des bureaux de vote, jusqu’au dépouillement des bulletins, pour évaluer la transparence et la régularité du processus.
Un scrutin « dans un climat apaisé »
Malgré la complexité d’organiser une élection présidentielle dans un pays aussi vaste que le Cameroun, et les tensions habituelles qui peuvent entourer ce type d’échéance, la mission d’observation de l’UA s’est dite satisfaite des conditions globales du scrutin. Bernard Makuza a déclaré : « Le scrutin s’est déroulé dans un climat apaisé. »
Cette déclaration est d’autant plus significative qu’elle vient d’un acteur neutre et expérimenté, réputé pour son expertise en matière de gouvernance et de processus électoraux. Selon lui, les quelques incidents isolés et dysfonctionnements techniques observés tels que des retards d’ouverture dans certains bureaux de vote ou des problèmes logistiques mineurs n’ont pas compromis la régularité ni la crédibilité globale du scrutin.
Toutefois, conscient des enjeux politiques et sociaux, Bernard Makuza a lancé un appel au civisme à l’ensemble des acteurs politiques et des citoyens « Nous encourageons tous les acteurs politiques et les citoyens à attendre la proclamation officielle des résultats dans le calme et le respect des institutions. » Un message destiné à prévenir toute tension ou contestation prématurée qui pourrait fragiliser la stabilité du pays.
Ce constat de l’UA rejoint les déclarations des autorités camerounaises. Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a lui aussi salué une élection « libre, transparente et pacifique ». L’organe chargé de l’organisation du scrutin, Elections Cameroon (Elecam), a quant à lui publié un premier rapport indiquant que la journée électorale s’est déroulée sans incident majeur.
Si certaines irrégularités ponctuelles ont été signalées dans quelques localités, elles sont jugées mineures et sans impact sur le résultat global. Cette concordance entre les différentes sources d’évaluation conforte l’idée d’un processus crédible, conforme aux standards internationaux.
Un scrutin sous haute surveillance internationale
L’importance de cette élection ne se limite pas au Cameroun, pays stratégique d’Afrique centrale. Dans un contexte continental marqué par des défis démocratiques récurrents, le suivi attentif de l’Union africaine traduit une volonté d’assurer la paix électorale et de renforcer la légitimité des dirigeants.
La mission quittera le Cameroun le 16 octobre, après avoir remis son rapport final. Ce document, attendu avec intérêt par la communauté internationale, permettra de disposer d’une analyse approfondie sur la qualité du processus, tout en formulant des recommandations pour améliorer les futures échéances électorales.
Une étape décisive pour la démocratie camerounaise
Au-delà des résultats officiels, dont la proclamation est imminente, cette élection constitue une étape clé pour le Cameroun. Elle illustre les efforts réalisés pour consolider la démocratie, malgré les défis persistants liés à la gouvernance, à la transparence et à la participation citoyenne.
L’appel au calme et à la patience lancé par la mission de l’UA et les autorités nationales vise à préserver la stabilité du pays et à renforcer la confiance dans les institutions. Cette démarche est cruciale pour un Cameroun où les tensions politiques ont parfois conduit à des violences ou des contestations post-électorales.
Les yeux restent désormais tournés vers la commission électorale et les pouvoirs publics, pour que la suite du processus respecte pleinement les engagements pris en matière de transparence et de démocratie.
Ngoumou Juan Bertrand



