Crise Anglophone :Le point de vue d’Abakar Ahamat

C’est une mission salvatrice que revêt la plume de l’écrivain, celle de dénoncer et d’énoncer.La plume de l’écrivain est comme l’oiseau du soir, celui qui prend son envol, lorsque les évènements du jour se sont accomplis. De ce fait, un écrivain doit traiter un sujet de manière rationnelle et objective, avec une neutralité axiologique comme le dit si bien Max Weber.C’est ce que fait Abakar Ahamat, dans son récent ouvrage intitulé Crise Anglophone ou Forfaiture Francophone ? L’ouvrage paru aux Éditions de Midi est plus anecdotique que scientifique sur la question comme le précise l’auteur , tel un médecin qui utilise le stéthoscope, Abakar Ahamat qui a servi comme Gouverneur dans le Nord Ouest , province ( 2007/2008) et région ( 2008/2012) s’est servi de son expérience pour écrire cet essai.

En littérature le titre d’une œuvre ne se fait pas de manière anodine, il reflète la quintessence de l’idée de l’auteur développée. Il reste fidèle au cannevas de rédaction , sur le titre donc Crise Anglophone ou Forfaiture Francophone ? Abakar Ahamat répond «Le titre choisi pour ce travail est, à cet effet et sous ce prisme , révélateur .Tout le monde sous ce ciel-là est convaincu que les francophones nourrissent à leur égard et ce depuis toujours des préjugés de supériorité (non seulement numérique) , ils ont donc par méconnaissance , par négligence , par mépris et par la volonté de les assimiler, gérer leurs «choses» avec tellement de condescendance et de légèreté que seuls ceux -là ( les francophones) restent et demeurent pour les principaux auteurs de leur malheur.»
«Chaque génération dans une relative opacité découvre sa mission l’accomplit ou la trahit» a dit Frantz Fanon, à l’aune de cette maxime, chaque personne, sous le prisme de son activité devrait agir de manière correcte , de ce fait, Abakar Ahamat déclare que son intention n’est pas de dire qui a raison ou pas « Mais , plutôt de jeter un regard lumineux sur certains détails oubliés, ignorés ou expressément occultés pour les besoins ignominieux de la falsification de l’histoire afin que nul n’en ignore .»
En cinq chapitres, il donne son point de vue sur cette crise anglophone qui lambine les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest depuis 2016 mais qui a les origines lointaines.

Crise Anglophone : L’analyse du problème

Dans le premier chapitre intitulé Et si cette crise anglophone était plutôt un bêtisier francophone!*, l’auteur ressasse les frustrations vécues par ces populations vivant dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest, il dénonce les panelistes des émissions de débat qui ne maîtrisent pas la sociologie de ces régions et qui tiennent des logorrhées . Historiquement, Abakar Ahamat revient sur le référendum tenu le 11 février 1961 et précise que« le rattachement au Cameroun ou au Nigeria était les deux seules options retenues pour la consultation, la troisième relative à l’indépendance et à l’autonomie des Southern Cameroons ayant été écarté, à la demande du représentant de la Grande Bretagne à l’ONU». Il révèle la supercherie opérée par les autorités avec l’absence des bulletins où étaient marqués «No». Concernant le référendum constitutionnel du 20 mai 1972 marquant l’avènement de l’État Unitaire, il soutient la théorie selon laquelle les anglophones ont été une fois de plus dupés. L’aboutissement étant l’érection d’une République du Cameroun en 1984 sous le régime de l’actuel président, l’auteur écrit «Lorsque cette République Unie disparut au profit de la République du Cameroun , ancienne appellation du Cameroun Oriental indépendant , non à la suite d’un autre référendum , mais par la magie et la toute puissance d’un décret présidentiel , la perversité des francophones fut consacrée»
Dans le chapitre 2, l’auteur s’interroge sur la nature du problème anglophone et constate que ses racines sont enfouies dans le diktat des 1er et 2ème Présidents, avec des anecdotes bien croustillantes, il révèle par exemple que la République d’Ambazonie a toujours été revendiquée par les acteurs anglophones depuis 1985. Il révèle par exemple à la page 51, le contenu de la lettre adressée par les archevêques anglophones le 22 décembre 2016 . Au chapitre 3, il énumère les causes et conséquences du Problème Anglophone. Selon lui, les causes résultent d’un amoncellement de frustrations et d’afflictions qui remontent depuis la période coloniale avec la Grande Bretagne. Le chapitre 4 est intitulé la violence : un mode d’expression et chapitre 5 comment sortir de cette crise ? .
De ce fait, ce livre historique est un condensé de savoirs et de révélations sur cette crise anglophone. Après avoir énuméré les causes de conflit, l’auteur propose des solutions que si elles sont appliquées peuvent mettre fin à cette crise qui a déjà endeuillée plusieurs familles camerounaises .