Ce jour là vers 4h ou 5h du matin, alors que les populations de Bertoua achèvent dans la quiétude totale leur nuit, élève en classe de seconde A, je suis réveillé par le colonel Nouind Ernest ( paix à son âme) Chef du secteur militaire, venu annoncer à mon père , Chef du service provincial de la sûreté nationale à l’est (paix à son âme également), qu' »il se passe quelque chose d’anormal à Yde. Des coups de feu ont été entendus dans la capitale »lui dit il. Après cet entretien d’une dizaine de minutes l’officier supérieur s’en va et, mon père, commissaire de police principal à l’époque, s’est habillé rapidement en »tenue camouflée » puis, après avoir passé quelques appels via sa radio de commandement, est sorti quelques instants plus tard, dans sa 504 noire.
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Au petit matin, la ville de Bertoua est calme. Elle accueille depuis quelques jours, des centaines de jeunes camerounais qui prennent part aux jeux Ossuc ( ancêtres des jeux de la fenasco). À côté de ça, les Lions Indomptables qui viennent de remporter leur première Can en Côte d’Ivoire, font le tour du Cameroun ,et sont attendus à bertoua ce 6 avril. Les activités ont du mal à démarrer car la nouvelle s’est déjà répandue dans la ville selon laquelle il y a un coup d’état à Yde. La journée se déroule dans la confusion totale, aucune information fiable n’est disponible. Ceux qui peuvent suivre les nouvelles à travers les » ondes courtes », entendent la musique militaire qui vient de radio Cameroun. Ce qui achève de me convaincre que la situation est préoccupante car c’était exactement ce que j’avais suivi quelques jours plus tôt sur les ondes de la radio guinéenne , au lendemain du coup d’état qui porta au pouvoir le général lansana conté après le décès du président Sékou Touré. On peut donc lire sur mon visage et sur celui de nombreux habitants de Bertoua , une certaine anxiété, ce d’autant plus que certains médias relayaient les relations devenues tendues entre le Président Ahidjo et son successeur constitutionnel, le Président Paul BIYA.
Les Lions Indomptables ne fouleront jamais le sol de Bertoua, et le tour du Cameroun du trophée s’arrêtera par la même occasion. Lorsque Paul BIYA s’adresse à la Nation le lendemain pour dire que « les forces restées fidèles aux institutions républicaines ont déjoué la tentative de coup d’état », la ville de Bertoua reprendra peu à peu son cours normal, et une autre page s’ouvre sur l’histoire du Cameroun.
Joseph Emmanuel Ba’ana. Journaliste.